Vous l'appeliez red zone pour le sang qui s'y versait tous les soirs, mais la vérité c'est qu'il s'agissait plus d'une cage, finalement. Avec ses grands grillages dressés tout autour de la zone de combat il n'y avait, vraiment, aucune échapatoire. L'arène était un combat où les regrets n'existaient pas.
Où seuls les plus forts vainquaient.

Ça s'était rempli rapidement ce soir, la nouvelle d'un combat sans pitié ayant fait le tour des amateurs, la plupart s'étaient bougés jusqu'ici pour profiter du spectacle. Ça t'arrache un sourire, à toi. Cette fille là, c'est Idris qui te l'a vendue, et si tu sais que l'autre n'est qu'un amuse-gueule, t'as bien trop hâte de voir ce qu'elle est capable de faire. Alors t'observes, silencieux du haut de ces grands grillages qui l'emprisonnent.

Et le sourire se fait ravi.
Plus affamé, soudain.

Elle est douée.

Pas que t'en ai douté, jusqu'ici Idris ne t'avait jamais rien vendu de moins qu'excellent. C'est qu'il connait ton appétit, cet enfoiré. D'ailleurs t'es sûr qu'il se marre à l'étage -il doit vous observer via la caméra.

— C'est tout ?

Les spectateurs qui rugissent, acclament, provoquent, s'excitent comme des endiablés. Les coups contre le grillage le font bouger mais par habitude tu tiens l'équilibre, attend l'instant propice pour quitter les ombres du sommet et descendre chez les terrestres.

Il te faut patienter un peu.
Juste
Encore
Un peu.

Que la demoiselle s'échauffe autant que les esprits tout autour.
Qu'elle appelle.

Au suivant.
Enfin.

Tu sautes.

Atterri avec puissance sur le sol poussiéreux.
L'autre est toujours inconscient, balancé dans un coin.

D'un regard tu fais comprendre que t'as pas besoin de le dégager.
Et la foule reprend de plus belle alors -mais cette fois c'est ton nom qu'on entend, champion.
Et les cris se font plus dynamiques,
Plus enjoués.

Ça te rend plus dangereux, cette façon dont ils te rendent animal.

— T'es plutôt bonne finalement, vu de près.

L'esquisse qui s'étire par pure provocation.

Il n'y aura pas d'arbitre pour ce combat,
Jamais quand c'est toi qui combat.

Parce qu'ils savent, les autres, que y a pas plus droit que toi quand ça concerne cette cage aux barreaux sanglants.

Tu lèves les yeux vers ton bureau, attiré la lumière tamisée qui s'est allumée, et tu constates non sans un amusement certain qu'il est descendu finalement. Idris.

Elle éclate de dire et c'est...
Puissant.

Ça résonne comme une déclaration, en échos des acclamations d'un public survolté. Ça t'arrache un sourire, Wade. Encore un. Parce qu'elle a la confiance de ceux qui savent, la prudence de ceux qui ont subits et tu le vois, toi.
Cette fille c'est pas n'importe qui.
Elle sait cogner.

— Hehe-

Tu peux pas t'en empêcher.
L'adrénaline pour te faire frissonner, c'est un régal.

Et cette oeillade à Idris elle veut dire merci.
Merci de te permettre d'y aller à fond dès le départ.
Merci de te connaître aussi bien.
Parce que, tu sais, t'es plus vraiment le même quand tu le quittes des yeux pour te concentrer sur elle.

Y a plus de plaisanteries, seulement tes bras un peu ballants, le dos et les épaules légèrement avancés pour te permettre de rester souffle. Il n'y a plus que ton regard sur elle et ton souffle qui se fait lent.






Si.













Lent.












Avant qu'elle ne vienne sur toi.
Des jabs que tu pares sans grande difficulté.
1, 2, 3.
Puis soudain tu n'es plus là, passé d'en haut à en bas.

Tu lui fauches les jambes à vitesse démesurément impressionnante.
Te redresse pour la regarder de haut, sans un mot.
Comme une provocation.

Celle qui dit arrête de jouer.

Celle qui dit frappe-moi pour de vrai
Ou vas crever.