I. 1998 Colin Desportes est enfant unique jusqu'à ses 3 ans. Une petite fille du nom de Coralie le hisse au rôle de grand frère.
II. 2004 Les deux enfants grandissent dans un univers croyant catholique. Les parents, Colin et Coralie vont à la messe tous les dimanches, et leur mère les font entrer en école privé dès leur plus jeune âge.
III. 2006 Colin ne connait rien d'internet à l'époque, ni même des sorties entre amis. En vérité, on peut le comparer à un rat de bibliothèque, jeune hypermetrope qui, très tôt, est devenu migraineux à cause de sa façon de lire, c'est-à-dire trop près des lignes d'un livre.
Quelques jeux en bois, une éducation stricte et pas de problèmes liés à l'argent. Ni même à l'amour des parents, qui sont aimants et protecteurs.
IV. 2009 Trop. Trop protecteurs. Trop catholiques. Trop religieux. Trop strict. Colin, tu prendras ton bus à 8h11 et tu rentreras à 17h57. Tu feras tes devoirs, tu prieras et tu donneras l'exemple à ta soeur.
Colin, tu porteras des chemises blanches ou bleues, un pantalon noir et des chaussures noires cirées.
Colin, tu es un exemple à l'école. Tu es le meilleur élève, prometteur et sage comme une image.

V. 2013 Les parents de Colin et de Coralie décident de quitter la France pour rejoindre l'amérique. Boston.
La raison officielle est celle de retrouver de la famille.
L'officieuse, elle, dissimule une intégration en douce des Desportes dans une secte religieuse.

Colin ferait un excellent promis à cette secte...

L'école privée met un temps à accepter le dossier de Colin. Ce dernier doit d'abord entrer en école publique pour quelques semaines.
Lorsqu'il intègre le college, il est la risée de toute l'école.
Mais ça, il ne le dira pas à sa famille. Il accepte, baisse la tête et obtempère face aux brimades des autres adolescents.
Pendant des semaines.
Il les regarde tous, derrière sa paire de lunettes, avec le désir secret de leur ressembler. Parce que Colin... étouffe dans ce carcan spirituel, loin des vices, loin des impuretés. Depuis déjà enfant qu'il regarde, envieux, les autres enfants voisins jouer au foot, sans lui.

Il tombe amoureux de l'école publique. Des gens qui fument. Des filles qui lui parlent avec un chewing-gum dans la bouche. Des look anti-conformistes, des punk et de la violence. Il tombe amoureux des contacts, du premier bisou impur qu'il reçoit sur sa joue. Parce que Colin un jour a été accepté par ce type, Dean. Dean... son sauveur. Dean, son mentor. Dean est tout à ses yeux, il est un modèle à suivre. On lui raconte sa vie. Et son coeur bat la chamade.

Car tout ce que la mort est à la france, la vie est à l'amérique.

S'il fait d'abord semblant en rentrant de l'école, s'il doit d'abord renier, rejeter les homosexuels, les trans', les rebelles, les punk, il ne le peut plus un soir et il craque en pleurant devant ses parents. Il pique une crise, et il fugue. Il fuit, et ne veut pas regarder en arrière. Les yeux bordés de larmes parce que sa soeur n'a pas connu ce pan de vie, et qu'elle l'a jugé comme étant devenu lui aussi impur. Sale. Mais qu'il n'est jamais trop tard pour le purifier.

VI. 2016 Il vit dans le garage où ont lieu les répètes. Il n'est pas fondamentalement bon en musique, et n'a pas l'oreille  musicale non plus. Mais il a le rythme dans la peau. En l'apprenant, il pleure encore. Et se rend compte qu'il ne se connait pas du tout, qu'il est passé à côté de qui il aurait pu être depuis tant d'années déjà.
Colin se déteste jusqu'à son nom, et cherche le prenom nom à portée de main pour repartir de 0. Cody est le nom d'un personnage de BD qu'il trouve dans le garage et un sourire, léger, nait sur ses lèvres, enfin.
Cody... blackwood.

Il change du tout au tout, se teint les cheveux, se tatoue le corps et découvre son attraction pour les hommes. C'est le plus beau soulagement de sa vie. Sa plus grande peine aussi.
Il doit faire face à ses parents à un moment donné, car la police le cherche, et il ne veut pas attirer l'attention sur le groupe que Dean a créé.
Lorsque Cody -Anciennement Colin- se montre à ses parents, ceux-là même et sa soeur se figent. Ce n'est même pas d'effroi, mais de terreur. Seul le silence cueille la scène un moment, avant qu'il ne soit mis à la porte.

[...]
Plus tard, on l'aide dans son émancipation et le changement sur son identité. Il se donne corps et âme dans la batterie et ne jure plus que par ça.
Si Cody a pleuré toutes les larmes de son corps jusqu'à peu, il sait être plus heureux que jamais maintenant. Et cela lui donne le tout le temps.

VII. 2023 Le groupe est connu. Cody a ses propres fans, et s'il le peut il leur donne tout l'amour dont ils ont besoin. Mais Dean le ramène toujours à l'ordre pour qu'il évite de donner tout son fric à qui veut, aussi.
Il a hâte d'être à Montréal. Comme il avait hâte d'aller partout, sauf en France.

... mais sa vie prend un nouveau tournant. Encore. Dans un monde qui n'est pas le sien.
Et il se demande une fois de plus... Qui est-il maintenant ?

VIII. 2025 Cody continue de jouer dans le groupe car il s'agit de sa famille d'origine. Mais le clan des Golden est aussi un semblant de famille pour laquelle il voue de plus en plus d'affection. Si Wade en est le chef, alors il se plie aux ordres de celui-ci, mais sous réserve de rester en retrait si celui-ci fait montre de trop de violence.
Car si Cody aime la violence, il ne supporte pas de voir la souffrance chez autrui.