LucidaliaHunters


Forum RP contemporain et surnaturel
 
Derniers sujets
» [Event Smalt Corun] Des frissons bestiaux associés à une apesanteur sirupeuse
Good morning Doc [Feat. Sorah] EmptySam 12 Oct 2024 - 14:21 par Maav J. Beladonne

» Hi! I hope you like pancakes [PV : Cody]
Good morning Doc [Feat. Sorah] EmptySam 5 Oct 2024 - 20:24 par Liam Mulligan

» Let me in, I won't bite ! / ft. Malcolm
Good morning Doc [Feat. Sorah] EmptyMer 2 Oct 2024 - 15:23 par Malcolm Moore

» la maladie du coeur | pv. Dean [rp annexe - event tenebrescence]
Good morning Doc [Feat. Sorah] EmptyDim 29 Sep 2024 - 18:45 par Dean Davies

» Tenebrescence ft. Maav
Good morning Doc [Feat. Sorah] EmptyMer 25 Sep 2024 - 22:26 par Maav J. Beladonne

» Nouvelles des Chroniques d'Elysia
Good morning Doc [Feat. Sorah] EmptySam 14 Sep 2024 - 7:53 par Invité

» i don't want to listen the hollow of my heart ▬ william (terminé)
Good morning Doc [Feat. Sorah] EmptyJeu 12 Sep 2024 - 23:19 par Maav J. Beladonne

» Demande de partenaires
Good morning Doc [Feat. Sorah] EmptyJeu 5 Sep 2024 - 19:12 par Invité

» le risque en vaut la chandelle [pv. Jess]
Good morning Doc [Feat. Sorah] EmptyVen 30 Aoû 2024 - 17:45 par Caesar Castelli

Le Deal du moment : -17%
SSD interne Crucial SSD P3 1To NVME à ...
Voir le deal
49.99 €

Voir le sujet précédentVoir le sujet suivant Aller en bas
Good morning Doc [Feat. Sorah]
Ho bloody
Liam Mulligan
Ho bloody
Liam Mulligan
Date d'inscription : 27/04/2024
Points : 138
Messages : 65
Profession/Hobbie : Vendeur en jardinerie
Liam Mulligan
Jeu 16 Mai 2024 - 16:13
Good morning Doc

Liam
Mulligan

Sorah
De Lioncourt

Il n’était pas très matinal. Depuis le changement qu’avait subi Montréal six ans auparavant, ses nuits ne ressemblaient en rien à celles passées autrefois. Il fermait ses yeux, tournait un long moment sous sa couverture, serrait sa petite peluche entre ses mains, et son cerveau finissait par abandonner la lutte et le laissait plonger dans le sommeil. Puis, en ce qui lui semblait n’être qu’un clignement d’œil, sa conscience remontait à la surface et le soleil brillait derrière la fenêtre. Des heures s’étaient bien écoulées, mais il n’en avait ressenti que quelques secondes. Aucune image n’était venue occuper son repos, rien. Juste, le néant pendant l’espace d’un instant, puis son corps qui se réveilla au son de son alarme. Des notes de piano le sortaient de son hibernation, un des premiers morceaux qu’il avait réussis à jouer lorsqu’il s’était intéressé à l’apprentissage d’un instrument. Son père possédait toute une collection de vinyles, il en avait d’ailleurs confié une petite partie à Liam quand ce dernier déménagea de leur ville natale. Monsieur Cory Mulligan appréciait beaucoup la musique et avait déjà emmené sa famille à des concerts. Sa nostalgie pour sa phase de rockeur les conduisait souvent vers ce genre de musique. Liam ne détestait pas ce style, sa curiosité pour les instruments était d’ailleurs née grâce à ces artistes qui enflammaient les salles de leurs solos endiablés. Toutefois, à dix ans, il ne se sentait pas animé par la même rage que ces idoles, et orienta son choix vers quelque chose de plus doux. Sa mère lui enseigna les bases du piano et le guida pendant un temps avant de lui offrir des cours proposés par l’une de ses amies. Liam trouvait une véritable source d’apaisement lorsque ses doigts survolaient les touches de l’instrument. Il s’évadait, oubliait les sombres moments subis à l’école, et flottait au gré des notes. Il poursuivit cette passion durant son adolescence, jusqu’à ce qu’il quitte Ottawa pour Montréal. Depuis son arrivée ici, Il n’avait pas retouché à une seule touche de piano.

Cette mélodie libérée chaque matin dans sa chambre par son téléphone brisait efficacement le silence de la pièce. Il fallait bien avouer qu’un volume élevé s’avérait nécessaire pour l’extraire de sa léthargie. S’il réduisait le son ne serait-ce qu’un peu, il s’assurerait de rater son réveil et de devoir courir pour rattraper le temps perdu. Malgré ses difficultés habituelles à s’endormir, Liam s’enfonçait dans un véritable trou noir lorsque le sommeil venait à lui. Il s’en extirpait un peu plus facilement quand l’aube approchait, mais en pleine nuit, l’histoire était toute autre. Des voisins pouvaient percer des trous ou abattre des murs juste sous son appartement, il continuerait de ronfler sans en tenir compte. Sa sœur disait souvent qu’il s’en allait mourir au moment du couché. Une comparaison peu joyeuse certes mais qui lui tirait un petit ricanement. Beth n’était pas loin de la vérité, l’immobilité totale de son frère quand il dormait la confortait dans cette analogie. Un véritable poids mort. Seuls de légers ronflements indiquaient de sa survie. Amy était d’ailleurs plusieurs fois venue vérifier son pouls lorsque Liam était resté séjourner chez elle. La jeune fille dormait également comme une tombe mais, contrairement à lui, elle se réveillait de temps en temps pour se rendre aux toilettes ou boire un verre d'eau. Liam lui passait sa nuit d’une seule traite sans bouger d’un pouce.

Le réveil n’était donc pas son moment favori de la journée. Il lâcha un grognement plaintif avant de désactiver son alarme, le visage toujours enfoncé dans son oreiller.
Pas tout de suite... Son nid si douillet ne l’encourageait pas à se défaire de sa couette et de l’enveloppe chaude qu’elle lui offrait. Cependant, son téléphone ne l’entendait pas de cette oreille. Une seconde alarma sonna, en prévision de ce réveil compliqué. Cette fois-ci, il soupira et se délogea de son oreiller. Il arrêta définitivement ses prochains réveils et se résolut à abandonner le combat. Il se frotta les yeux et passa ses longs doigts fins dans ses cheveux blancs. Il se redressa sur son lit et attrapa sa paire de lunettes transparente pour chasser le flou de sa vue. Une fois la mise au point faite, son regard tomba sur son calendrier accroché au mur en face de son lit. La case du jour était marquée. Ah oui c’est vrai. Son rendez-vous avec sa psychiatre était fixé pour ce matin, dans quelques heures. Il arrivait au bout de sa dernière boîte de cachets, un renouvellement d’ordonnance s’annonçait nécessaire. Il soupira et se résigna à se lever. Il était en repos aujourd’hui, peut-être qu’une petite sieste serait à prévoir pour plus tard ? Il but son café du matin et avala son comprimé de Paroxétine, puis continua sa routine tranquillement. Les gouttes d’une pluie timide tapotaient contre sa fenêtre, il enfila donc un sweat à capuche noir sous sa veste en cuir. Cette veste, un présent de son père pour l’un de ses anniversaires. Heureusement qu’il l’avait déballée une fois sa croissance terminée.

En sortant de son immeuble, il prit soin d’éviter les flaques d’eau sur le trottoir, le faisant slalomer jusqu’à sa voiture. Le cabinet de sa psychiatre ne se trouvait pas très loin, sa localisation avait fait partie de ses critères lorsqu’il avait pris sa décision de commencer ce suivi. Il s’était perdu sur le trajet lors de ses premiers rendez-vous. Aujourd’hui, après ces quatre années, il connaissait parfaitement le chemin. Il roula prudemment sous cette averse qui claquait de plus en plus violemment contre son pare-brise.
Quel temps de merde. Il arriva à destination avec quelques minutes d’avance et se pressa de s’abriter devant le cabinet pour y fumer une dernière cigarette avant son rendez-vous. Il en profita pour essuyer les gouttes de pluie tombées sur ses lunettes opaques. Il jeta son mégot dans la poubelle près de la porte et entra pour patienter dans la salle d’attente. Il salua et prévint rapidement la secrétaire au passage de son arrivée et s’installa en attendant que le docteur vienne le chercher. Sa jambe se mit à rebondir malgré ses tentatives pour la calmer. Cet endroit, ces séances, il en avait l’habitude, mais il ne parvenait jamais à chasser cette appréhension qu’elles lui causaient. Il connaissait le docteur De Lioncourt, elle suivait son dossier depuis le début de sa thérapie et il n’éprouvait plus de réelles difficultés à lui confier ce qu’il avait sur le cœur. Toutefois, cette expérience n’était jamais un moment agréable pour lui. Il ne parvenait pas à bien expliquer ses sentiments, ne les décrivait pas avec aise et cela le mettait dans l’embarras, même si sa psychiatre ne lui avait jamais donné de réelles raisons de se sentir gêné. Elle ne faisait que son métier après tout. Malgré tout, alors qu’il attendait que son nom soit appelé, cette d’angoisse qui agitait sa jambe, et cette crainte de s'attaquer potentiellement à ces nouvelles émotions qui le troublaient depuis quelques mois, ne se dissipèrent pas. Il ne se réjouissait pas de cette séance qui approchait.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Invité
Ven 24 Mai 2024 - 16:40

GOOD MORNING DOC
Treating someone means helping them find their normal: the state in which they no longer feel sick, do not suffer, are as well as possible
Les nuits de la jeune psychiatre étaient rythmées par de nombreux réveils sans en savoir la raison. Tantôt rejoins par ses chiens, puis par ses chats. Ils étaient pour elle une source inépuisable de réconfort, de câlins, et des bisous baveux en tout genre. Une nouvelle journée s’offrait à eux, une nouvelle journée pour venir en aide à son prochain, écouter ceux qui en ont besoin, et offrir des conseils qu’elle-même oublie la plupart du temps de mettre en pratique.

Une fois passée sous la douche, la jeune femme éclaira la majeure partie de son modeste chez elle, avec de nombreuses bougies. La lumière au plafond était supportable, mais celles de la flamme des bougies offraient une ambiance bien particulière. Comme un moment de détente, court moment pour se vider la tête pour s’offrir entièrement à ses patients et à leurs problèmes. Ce moment calme rythmé par le bruit de la pluie venant s’écraser contre les vitres de son appartement.

Une fois ses collants et sa robe longue enfilée, son visage blafard légèrement maquillé, elle prit le chemin du cabinet médical en centre-ville. Hors de question d’arriver en retard à ses consultations.

Rapidement arrivée sur place, Sorah prend toujours le temps de saluer le corps médical et administratif des lieux, avant de prendre place dans son immense bureau. Allume les bougies, ouvre légèrement les rideaux de la salle pour ne laisser rentrer que le strict nécessaire de lumière. Dépose ses lunettes de soleil sur son bureau avant de prendre en main un calepin, ainsi que le dossier du premier patient, déjà arrivé et patientant gentiment en salle d’attente.

Sorah ouvre la porte de son bureau, et dirige son regard vers Liam, un patient qu’elle suit depuis ses débuts en tant que médecin. « Monsieur Mulligan, je vous laisse prendre place. » Dit-elle en ouvrant plus grand la porte en prenant soin de serrer sa main. Referme les deux portes blindées du bureau et s’installe sur un fauteuil en face du sien. Son thé déjà chaud sur la petite table basse qui les sépare, Sorah lui esquisse un sourire. L’un de ses tout premiers patients une fois diplômée ici. Et surtout après tous ces changements qu’ils ont vécus ensemble. « Alors Monsieur Mulligan, comment allez-vous aujourd’hui ? » Ils étaient devenus ces monstruosités au même moment, et se retrouvaient dans le même groupe d’ailleurs, les Ho Bloody. Alors, d’une certaine manière elle se sentait plus à l’aise avec Liam comme patient, qu’avec d’autre.  « Cela fait déjà un petit moment que nous ne nous sommes pas vu. Avez-vous profité des quelques jours de beau temps que nous avons eu ? »

Sorah prend une gorgée de son thé bouillant, et repose délicatement sa tasse. « J’allais oublier. Un café ? Ou autre ? »
MADE BY @ICE AND FIRE.

Revenir en haut Aller en bas
Ho bloody
Liam Mulligan
Ho bloody
Liam Mulligan
Date d'inscription : 27/04/2024
Points : 138
Messages : 65
Profession/Hobbie : Vendeur en jardinerie
Liam Mulligan
Sam 25 Mai 2024 - 18:10
Good morning Doc

Liam
Mulligan

Sorah
De Lioncourt

Par le passé, il n’avait que rarement croisé d’autres personnes atteintes de la même « maladie » que lui. Il n’affectionnait pas ce terme, et sa famille pas beaucoup plus d’ailleurs. Cette terminologie signifiait à ses yeux qu’il portait quelque chose de mal, quelque chose de néfaste qu’il fallait soigner et éradiquer. Quelque chose qu’il n’était pas sain de posséder. Cette pensée s’était immiscée dans son esprit durant sa jeunesse, empoisonnant sur son passage les paroles réconfortantes de sa famille. A la manière d’un venin toxique, cette perception de sa condition l’avait accablé, en causant des souffrances lancinantes et vives qui le touchaient au plus profond de son être. Les médecins qui le suivaient autrefois, et qui conseillaient ses parents, ne s’étaient jamais montrés malveillants à son égard. Les nombreux examens auxquels ils avaient dû le soumettre, ainsi que leur langage complètement aseptisé, n’avaient réussi qu’à lui procurer un profond malaise. Une prise de conscience désolante, mêlée aux dires virulents des autres élèves de son école. Il n’était pas normal. Même après plus de vingt ans, il lui arrivait encore de se sentir découragé par cette différence due à son « anomalie » génétique. Avec le recul, il comprenait aujourd’hui que ces médecins ne faisaient que leur travail, et que leurs propos s’étaient révélés blessants simplement parce qu’ils étaient tombés dans l’oreille d’un enfant déjà écorchés par d’autres mots difficiles. Il n’éprouvait pas de rancœur pour ces spécialistes, malgré son attitude un peu plus revêche lorsqu’il était adolescent. Ce fut pendant cette courte période qu’il avait laissé sortir une partie de sa colère. L’injustice de sa situation, tout le mal qu’elle lui causait, la frustration de savoir qu’il n’en sortirait jamais… Il s’autorisa à éclater lors de ces années-là. Des pleurs, des cris, des insultes lancées aux médecins, ses premières vraies disputes avec sa famille. Un trop plein qui déborda. Ce chagrin bouillonnant lui fit prononcer des mots qu’il désirait encore effacer. Il ne remercierait jamais assez ses proches, leur amour l’aida à ne pas succomber sous le poids de sa détresse.

Ses parents l’encouragèrent à consulter un psychologue suite à ces montées d’émotions. Ils lui garantirent que vider son sac et exprimer ses tourments à un inconnu l’aiderait à y voir plus clair et à l’apaiser. Son ex, ne sachant pas comment le soulager réellement, appuya leur idée. La seule chose un peu intelligente qu’elle avait pu faire selon sa grande sœur. Leur lycée proposait un service psychologique et, après de grosses hésitations, il se lança. D’abord sceptique en entrant dans ce bureau, il en ressortit en pleurs et complètement vidé de ses forces. Toutefois, malgré la fatigue provoquée par ses larmes et la mise à nu de ses sentiments, il se sentait un peu plus… léger, serein. Sa colère se contenait encore sous sa peau, mais elle ne le brûlait plus. Bien que chaque rendez-vous lui causait une douleur au ventre et lui serrait la gorge, il continua de voir ce psychologue à certains moments de sa scolarité au lycée, lorsque ses pensées négatives commençaient à le grignoter, ou qu’il ressentait le besoin de se confier à une personne tierce.

De ce fait, Liam ne plongea pas les yeux fermés dans sa thérapie actuelle. Il savait à quoi s’en tenir, globalement. Il reconnaissait le petit pic d’angoisse qui précédait chaque entrevue, l’incertitude au début du suivi, le drainage émotionnel qui suivait un rendez-vous éprouvant. Les larmes avaient coulé bien vite après avoir fait la rencontre des deux spécialistes en charge de son dossier. Au vu de son état fragile et fébrile au commencement de sa démarche, ses pleurs n’étaient guère surprenants. Il ne comptait plus les fois où il avait échoué à retenir ses sanglots entre les murs de ce cabinet. Aujourd’hui, même si sa pudeur naturelle lui indiquait comme premier réflexe de retenir ses sentiments, il ne se forçait plus autant à ravaler ses failles. Certains agissaient de la sorte car ils refusaient fermement de faire preuve de faiblesse, sûrement à cause de leur éducation. Ils se devaient d’être forts et inflexibles. Liam ne cherchait pas à se donner cette image d’homme grand et impénétrable. Il avait bien conscience de sa sensibilité, de ses soucis d’anxiété et de toutes ces émotions qui le tiraillaient parfois. Il n’appréciait juste pas les dévoiler trop ouvertement. Peut-être était-ce dû à la peur de s’y retrouver confronté ? Ou bien la crainte de les imposer aux autres ? Il ne détenait pas encore la réponse.

La porte en face de lui s’ouvrit et le sortit de son introspection. Il leva les yeux vers sa psychiatre et aperçut derrière elle la lumière étouffée de son bureau. Quand il s’était orienté vers ce cabinet quatre ans plus tôt, il eut beaucoup de mal à garder son étonnement pour lui. En effet, croiser une autre personne atteinte d’albinisme l’avait pris au dépourvu. Il s’était demandé si le destin ne lui jouait pas des tours quand cette femme se révéla être sa psychiatre. Dire qu’il ne s’y attendait pas était l’incarnation même de l’euphémisme. Ce point commun qu’ils partageaient tous les deux facilita un peu le dialogue pour Liam. Elle était en mesure de le comprendre sur certains points, tout en gardant cette barrière professionnelle qui rassurait le jeune homme. Il se confiait plus aisément sur certaines difficultés de son quotidien, des choses qui l’affectaient, et il pouvait compter sur le cadre sécurisant qu’instaurait sa psychiatre. Il avait eu de la chance.

« 
Monsieur Mulligan, je vous laisse prendre place.

A cette phrase, Liam se leva et la salua en répondant à sa poignée de main. Il accompagna son geste d’un hochement de tête et d’un léger sourire de politesse. Il avança dans ce bureau qu’il fréquentait depuis des années maintenant, la lumière timide soulagerait ses yeux fragiles s’il décidait de retirer ses lunettes noires. Les bougies apportaient une lueur chaleureuse à la pièce et Liam s’installa dans le même fauteuil qu’à son habitude. Le docteur prit place en face de lui, un thé fumant déjà préparé sur la table devant elle. Il répondit à son sourire, bien que les siens restaient plutôt timides. Il en laissait glisser un sacré nombre depuis un moment, beaucoup plus que durant les premières années qui suivirent le chamboulement de leur vie à tous. Les premières semaines, ces sourires impromptus le perturbèrent. Il n’était pas impossible que ses expressions s’adoucissent, ou bien qu’un rire ne sorte de sa bouche. Cependant, ces soudaines montées de bonne humeur, cette douce chaleur dans son corps, toutes ces sensations lui étaient nouvelles. Nouvelles depuis son arrivée à Montréal en tout cas.

-
Alors Monsieur Mulligan, comment allez-vous aujourd’hui ? Cela fait déjà un petit moment que nous ne nous sommes pas vu. Avez-vous profité des quelques jours de beau temps que nous avons eu ? J’allais oublier. Un café ? Ou autre ?

Comme à chacune de leur séance, la jeune femme ouvrit la discussion et sirota une première gorgée de thé. Liam tilta à son observation. Leur dernier rendez-vous commençait à remonter un peu effectivement. Contrairement à son psychologue qu’il rencontrait chaque semaine, il ne voyait le docteur De Lioncourt que si un problème avec son traitement survenait, ou bien quand il nécessitait une nouvelle ordonnance. Sa dernière visite devait dater de peut-être… Deux mois ? Trois mois ? Oui des choses s’étaient bousculées dans sa vie depuis. Il hésitait à aborder sincèrement le sujet avec son psychologue, sans doute par peur, il n’en était pas certain. Toutefois, lorsque la jeune femme lui offrit cette opportunité de franchir le pas, Liam eut du mal à contenir ses doutes plus longtemps.

-
Je veux bien un café oui, s’il vous plaît, commença-t-il par répondre, en espérant qu’un peu de caféine lui donnerait du courage. Oh vous savez, le soleil j’en raffole pas vraiment, vous comprenez. J’ai recommencé à faire du skate, j’y avais pas touché depuis mon emménagement ici. Bon j’ai fait une belle chute mais c’était cool. Sinon c’est surtout les clients qui apprécient la météo. On a eu pas de monde là récemment. Il marqua une pause, ses doigts tripotaient la manche de sa veste. Il était nerveux et sa voix timide. Il y a un de ces clients qui vient souvent. Je l’ai rencontré l’année dernière et… Il est gentil, il me fait rire... »

Il se coupa là, gêné, malgré le doux sourire qui s’était faufilé sur ses lèvres. Il repensait souvent à cet après-midi, à leur rencontre, au sentiment de légèreté qui l’avait envahi à cet instant. Cette impression de flotter qu’il retrouvait à chacune de leurs conversations. Il se souvenait de sa confusion lors de leurs premiers échanges. Aujourd’hui, il ne désirait qu’en savourer chaque seconde. Maintenant qu’il avait posé ce dossier sur la table, il ne s’en échapperait plus si facilement. Peut-être ne voulait-il plus vraiment s’en échapper ? Il l’ignorait encore.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Invité
Ven 31 Mai 2024 - 16:44

GOOD MORNING DOC
Treating someone means helping them find their normal: the state in which they no longer feel sick, do not suffer, are as well as possible
Sorah laissa s’installer confortablement Liam face à elle, et s’empressa de lui préparer un café. Il était important pour elle de mettre en confiance ses patients, qu’ils se sentent en sécurité et surtout important à ses yeux. Qu’ils ne se voient pas comme un simple numéro, un patient parmi tant d’autres. Comment pourrait-elle s’occuper d’eux et les aider, s’ils ne se sentaient pas à l’aise à l’idée de parler avec elle ?

Elle esquissa un léger sourire lorsqu’il répondit sur la météo. « Oh je comprends vous savez. Mais bien protégé, il est toujours agréable de profiter de la lumière naturelle du soleil. » En tant qu’albinos elle aussi, Sorah pouvait entièrement comprendre l’absence d’intérêt pour la lumière du jour de Liam. Longtemps elle aussi n’avait pas envie d’en profiter, de s’y exposer, et pourtant, avec les protections nécessaire et un peu d’abnégation, Sorah avait trouvé le courage de s’y confronter de temps en temps. En prenant soin d’espacer ce parcours du combattant.

Sorah pris soin de déposer le café sur un dessous de verre devant Liam, et vint se rasseoir. Rapidement elle prit de quoi prendre des notes tout en écoutant le récit de son patient. « Il est bon pour vous de reprendre une activité physique également, je suis contente de voir que vous écoutez mes conseils. » Elle lui avait déjà proposé de trouver des activités quelles qu’elles soient. Pour son mental, mais également pour sa santé physique qui n’est pas à négliger non plus. Elle gribouille, rature, et recommence ses écrits à de nombreuses reprises dès que Liam prend la parole.

Puis lève les yeux et observe une tendance anxieuse de son patient. « Qu’a-t-il de si spécial ce client ? De tous ceux dont vous m’avez déjà parlé, je sens qu’il y a quelque chose de plus, je me trompe peut-être ? » Léger sourire sur son visage pour essayer de détendre l’atmosphère et ce stress qu’elle sent monter en lui. « Avez-vous réussir à obtenir son prénom ? Si c’est un client fidèle, des affinités ont dû naître. » Liam qui n’était jamais très bavard sur ce genre de sujet, semblait vouloir creuser cette discussion, et Sorah quant à elle comptait bien l’accompagner.
MADE BY @ICE AND FIRE.
Revenir en haut Aller en bas
Ho bloody
Liam Mulligan
Ho bloody
Liam Mulligan
Date d'inscription : 27/04/2024
Points : 138
Messages : 65
Profession/Hobbie : Vendeur en jardinerie
Liam Mulligan
Sam 1 Juin 2024 - 22:11
Good morning Doc

Liam
Mulligan

Sorah
De Lioncourt

Il ne s’attachait pas très facilement aux autres. Il ne s’ouvrait d’ailleurs que très peu aux étrangers. Ce ne fut pas toujours le cas. Durant son enfance, ou du moins son début, il se forçait un peu plus à faire un pas vers ses camarades de classe. Certains lui répondaient gentiment au départ et leur réaction le confortait dans sa démarche de se créer un petit cercle d’amis. Ses parents lui en parlaient après tout, ils lui assuraient que l’école était un parfait endroit pour construire des relations et qu’il devrait tenter sa chance s’il en ressentait l’envie. Avec un peu (beaucoup) d’appréhension, il avait alors franchi le pas et ses premiers essais ne lui valurent pas un rejet immédiat. Ces autres enfants lui souriaient même mais cela ne dura pas. Lorsque les moqueries commencèrent, il ne trouva pas de réconfort auprès de ces connaissances. Ils ne se joignirent pas à ces brimades, mais ils n’apportèrent aucun soutien non plus. Seule Juliette, sa première vraie amie qu’il rencontra quelques temps plus tard, se rangea de son côté, malgré sa nature discrète et douce. Elle le rassurait et l’encourageait, tandis qu’il pouvait compter sur sa grande sœur pour jouer les remparts et les gros bras.

Se montrer sociable ne s’était que rarement révélé comme étant une bonne expérience. Il avait certes tissé quelques liens, des liens bien superficiels en grande majorité, ou bien des relations synonymes de souffrances et de déception. A force de gaspiller de l’énergie à s’investir vainement dans des connexions sans intérêt, il avait décidé de jeter l’éponge. Construire une amitié alors que l’autre parti s’en fichait, ou bien qui partageait des points de vue incompatibles et inacceptables aux yeux de Liam, non merci. En mettant de côté sa famille, il pouvait à peine rassembler sur les doigts de ses mains les connaissances qui avaient de l’importance pour lui jusqu’à son arrivée ici. Quelques amis rencontrés pendant ses études, ou bien au lycée il ne se rappelait plus très bien, d’anciens collègues de travail quand il économisait de l’argent pour déménager… Ce petit cercle ne s’était pas tant agrandi que cela ces dernières années mais, malgré ses déceptions passées, dont certaines qui le suivaient encore, il tâchait d’entrouvrir un peu sa carapace.

Le choix ne se présentait pas toujours et des individus quelque peu excentriques se faufilaient derrière sa porte. Parfois littéralement dans le cas de ses voisines, mais également dans des circonstances un peu plus singulières. Il ne se serait jamais imaginé sympathiser avec un musicien mondialement connu venu se cacher de ses fans intrusifs dans sa jardinerie. Cela ne faisait guère partie de son bingo de l’année dernière, et partageait les écouteurs du dit musicien derrière le bâtiment en souriant comme un enfant devant ses cadeaux de Noël non plus. Maintenant, dès que les yeux de Liam croisaient les siens, son visage s’adoucissait sans qu’il ne s’en rende compte, une chaleur agréable et apaisante l’envahissait, son cœur frappait contre sa poitrine (il jurait même pouvoir l’entendre), et des petits fourmillements chatouillaient son ventre. Il connaissait bien les manifestations du stress et de l’angoisse, il partageait son quotidien avec elles depuis un moment maintenant et il savait donc que ces sensations nouvelles n’étaient pas liées à cela. Quelque chose d’autre les provoquait. Quelque chose qui lui causait de l’anxiété et du malaise à cet instant pour le coup. Il écouta brièvement la réponse de sa psychiatre qui lui amena un café plus que bienvenu, il allait en avoir besoin. Il murmura un merci discret et haussa les épaules en portant la tasse à ses lèvres. Il souffla légèrement la fumée chaude qui s’évaporait, lui rappelant que la chaleur du soleil l’inquiétait plus qu’autre chose. Il avait été contraint de passer sous le bistouri à cause de ses rayons. Mais, alors qu’il avalait quelques gorgées de son breuvage noir et amer, il songea à peut-être se faire violence à l’approche de la saison chaude. Il fallait bien avancer malgré ses craintes après tout. Il commencerait déjà par ouvrir un peu plus les stores de son appartement, ce serait un bon début déjà. Il prenait déjà conscience de ses progrès faits jusqu’à présent.

« 
Il est bon pour vous de reprendre une activité physique également, je suis contente de voir que vous écoutez mes conseils.

Au départ, il s’était montré légèrement sceptique lorsque la jeune femme lui avait émis cette recommandation. Liam n’appréciait pas spécialement le sport. Il jouait de temps à autre au basket avec son père à l’époque du lycée. Sa taille l’aidait déjà à cet âge-là. Il lui arrivait de passer près de groupes qui s’entraînaient dans la rue et parfois l’envie de faire rebondir cette balle lui titillait les doigts. Il ne pourrait cependant jamais jouer dans un cadre professionnel, sa vue restait légèrement brouillée de loin même avec ses lunettes sur le nez. Il ne désirait pas vraiment se ramasser un ballon de basket dans le visage. Son choix de remonter sur son skate le satisfaisait. Se replonger dans son album souvenirs, couplé aux indications de sa psychiatre et à sa témérité récente, lui valurent certes une belle entaille sur le front qui mit un petit temps à cicatriser, mais il ne regrettait pas. Il adorait toujours autant se laisser porter par le mouvement de sa planche, si bien qu’il l’utilisait souvent pour ses trajets courts, lorsque la météo le lui permettait en tout cas.

-
Ouais ça me fait du bien, et je crois que ça me manquait un peu. Je pense que j’ai bien fait.

La partie de l’accident avec Apo aurait pu passer à la trappe malgré tout. Non, reformulation. La chute qui avait conduit à leur rencontre aurait pu passer à la trappe. Liam s’était convaincu ce jour-là que sa matinée avait été ruinée par ce petit accrochage et que les événements allaient sûrement s’empirer. Heureusement, la suite de la journée lui avait donné tort. Il avait appris à mieux connaître la jeune musicienne et il trouvait cette dernière plutôt drôle et attachante. Elle ne mâchait pas ses mots, ses remarques pouvaient piquer par leur manque de tact mais Liam préférait ce genre de conversation. Ce moment partagé avec la jeune femme ne lui avait pas déplu, il pouvait très facilement l’envisager comme une amie potentielle s’ils étaient amenés à se fréquenter de nouveau. Une éventualité plutôt probable car elle jouait dans le même groupe que lui.

-
Qu’a-t-il de si spécial ce client ? De tous ceux dont vous m’avez déjà parlé, je sens qu’il y a quelque chose de plus, je me trompe peut-être ? Avez-vous réussir à obtenir son prénom ? Si c’est un client fidèle, des affinités ont dû naître.

Et voilà le sujet était bel et bien lancé, plus de possibilité de reculer désormais. Liam fuit le regard pourtant bienveillant de sa psychiatre. Il savait qu’elle ne le jugerait jamais, qu’il n’avait rien à craindre entre ses murs. Il en avait parfaitement conscience. Mais ce désir irréfutable de s’enfoncer dans son siège ou de se noyer dans son café et de disparaître montait peu à peu. Pourquoi réagissait-il comme cela ? Il était un adulte, il ne devrait pas se retrouver déstabilisé par une simple question. Pourquoi perdait-il ses moyens ? Pourquoi cherchait-il désespérément à se cacher derrière sa tasse ? « Qu’a-t-il de si spécial ce client ? » Liam s’arrêta donc sur cette question et y réfléchit sérieusement, maintenant que quelqu’un la lui posait clairement. Qu’est-ce qu’il a de spécial ? Par où vous voulez que je commence au juste ? Vous voulez que je vous parle de ses yeux qui brillent dès qu’il m’adresse la parole ? On dirait qu’on vient d’allumer mille petites étoiles dans un ciel doré. Ou alors de son sourire qui n’a rien à envier au soleil tellement il éclaire son visage ? De ses mains douces et chaudes ? De son rire que je pourrais écouter chaque jour ? De ses petites remarques auxquelles je m’attends jamais ? Quand je crois qu’il va répondre quelque chose et qu’au final il me surprend toujours ? De ses gestes maladroits si… adorables ? Ou alors de sa bienveillance et sa gentillesse qui illuminent chacune de mes journées ? De sa lumière que je suis sûr et certain de voir même si je porte pas mes lunettes ? De… de... Liam déglutit, perturbé par cet enchaînement de pensées. Il inspira profondément et calma son tourment intérieur tant bien que mal. Il devait contenir cette avalanche. Il expira et reposa aussi délicatement que possible sa tasse sur son dessous de verre. Il ne voulait pas risquer de renverser une goutte et de laisser une tache derrière son passage. Il se racla la gorge pour mettre de l’ordre dans tout ce fouillis qui lui servait de tête. Il devait articuler une réponse convenable, il devait se ressaisir.

-
Euh oui... commença-t-il d’une voix fébrile avant d’essayer à nouveau de défaire ce nœud au fond de sa gorge. Il s’appelle Cody et il vient assez régulièrement comme j’ai dit et… On discute souvent du coup. Il fait partie d’un groupe de musique, il est vraiment passionné par ce qu’il fait et… J’aime bien quand il m’en parle, ça le fait sourire. Quand il est là je me sens, je sais pas comment dire, léger ? C’est pas compliqué de parler avec lui, ça vient tout seul en fait. Et ça a pas l’air de le gêner que je sois… Moi ? Genre les gens disent que je devrais sourire plus, que je suis pas hyper aimable, des trucs comme ça. Cody ça a pas l’air de le déranger. Enfin, j’ai pas l’impression. Il veut toujours me parler même au bout d’un an donc je pense pas, héhé », conclut-il avec un petit rire embarrassé.

Il se gratta nerveusement l’arrière de la tête et il sentit ses joues se réchauffer légèrement. Était-il en train de rougir ? Cela ne lui était pas arrivé depuis… Des années.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Invité
Mer 5 Juin 2024 - 17:15

GOOD MORNING DOC
Treating someone means helping them find their normal: the state in which they no longer feel sick, do not suffer, are as well as possible
Sorah croise les jambes et observe sagement. Elle n’avait jamais vraiment besoin de forcer la discussion, à force de consultation chacun de ses patients venaient peu à peu à s’ouvrir à elle, à se sentir assez en confiance pour libérer la parole, et ce qu’ils avaient sur le cœur. Et Liam n’était pas une exception. Au final des années il avait appris à faire confiance à sa médecin, et ainsi les rendez-vous s’enchaîner avec plus ou moins d’espace désormais, ou lorsqu’il sentait avoir besoin d’écoute plus urgemment. « Cody c’est ça ? » La docteur hoche la tête en écrivant ce prénom sur son calepin suivi d’un petit cœur. Elle ne se souvient pas d’avoir eu à écrire une quelconque remarque comme celle-ci dans le dossier de Liam, et cela la fait doucement sourire. De voir qu’il pouvait également éprouver ce genre de sentiment, se sentir léger rien qu’à penser à cette personne.

« Je suis contente de vous entendre parler ainsi, Liam. » Sorah hoche la tête et reprends. « En effet, je ne me souviens pas vous avoir déjà entendu parler de quelqu’un ainsi, avec autant d’entrain et de passion. » Sorah note tout ceci dans son carnet alors qu’elle continue à l’écouter. Il faut dire qu’elle aimerait aussi qu’on puisse parler d’elle ainsi. Etait-ce une passion passagère ou un attrait plus sincère ? « Un groupe de musique ? Quel genre de musique exactement ? Est-il le chanteur ? Le bassiste ? » C’était-il intéressé à ces petits détails ? Ou ne c’était-il intéressé qu’à la surface de la personne.

Sorah plisse les yeux un instant, écrit avec une plus d’énergie et s’arrête net. « Sourire plus ? Pas aimable ? Ce sont vos collègues qui parlent ainsi de vous ? Que ressentez-vous lorsque vous entendez ces descriptions peu flatteuses ? » Il est vrai qu’une majorité de ses patients n’étaient pas des personnes très joyeuses, et de fait, elle n’aurait probablement pas ce travail s’ils l’étaient. Alors il est vrai que Liam là encore ne dérogeait pas à la règle en ayant des phases plus neutres que d’autres, mais il était loin d’être un homme désagréable entre les murs de son bureau.   « Après tout, leur avis est-il réellement important ? Si Cody semble vous appréciez ainsi. »

MADE BY @ICE AND FIRE.
Revenir en haut Aller en bas
Ho bloody
Liam Mulligan
Ho bloody
Liam Mulligan
Date d'inscription : 27/04/2024
Points : 138
Messages : 65
Profession/Hobbie : Vendeur en jardinerie
Liam Mulligan
Jeu 6 Juin 2024 - 16:41
Good morning Doc

Liam
Mulligan

Sorah
De Lioncourt

Il n’était pas totalement hermétique à l’affection et aux sentiments qui repoussaient les limites de l’amitié. Quelques années avant sa première relation, certains adolescents avaient capté son attention. Parfois au détour d’un couloir de l’école, en marchant dans la rue, ou bien lorsqu’il accompagnait un de ses parents au supermarché. L’approche de la puberté éveillait de nouvelles sensations chez tout adolescent et Liam n’avait clairement pas fait exception. Plusieurs fois son cœur s’était agité au contact d’autres jeunes de son âges. Ces petites réactions se déclenchaient pour peu de chose la plupart du temps, le laissant bien gêné avec son visage rougi. Il suffisait d’un rien ; les beaux yeux verts d’une fille discutant avec ses copines devant les casiers, le sourire reconnaissant d’une voisine de table dans le besoin d’un stylo, le touché bref de la main d’un garçon pendant le cours de sport… Ce dernier cas de figure l’avait davantage troublé à l’époque. Il se différenciait des autres petits « rapprochements » que Liam avait vécus auparavant. En effet, lorsqu’il commença à voir du charme et de la délicatesse dans les traits d’autres garçons, il se sentit légèrement perturbé. Sa famille n’avait jamais exercé de pression à ce sujet, ni émis de préjugés ou d’attentes. Il remerciait encore la chance pour cela. Il ne s’inquiétait pas de la réaction de ses parents, l’angoisse causée par ces doutes sur sa sexualité ne provenait pas de cela. Peut-être était-ce cette peur de ne plus se reconnaître ? De réaliser que la personne qu’il pensait être n’était en fait qu’un mensonge ? A quatorze ans, l’âge où il se posait sérieusement des questions, il décida d’enfermer ces interrogations derrière une porte pour ne pas avoir à s’y confronter pour le moment. Est-ce que c’est ça être dans le placard ? Il garda ces sentiments sous clés pendant de nombreuses années, la crainte d’y faire face l’empêchait de les faire sortir. Peut-être que ce petit brouillard s’estomperait de lui-même et que ses incertitudes n’avaient au final pas lieu d’être. On se cherchait à cet âge-là, cela ne signifiait sûrement rien. Pas vrai ?

Ces pensées lui traversèrent occasionnellement la tête durant sa relation avec son ex. Il avait une fois essayé d’aborder subtilement le sujet avec elle, mais sa réaction plutôt fermée avait coupé court à la discussion. Il ne retenta plus sa chance après cela car, il se sentait bien avec elle, pas vrai ? La réponse était bien évidemment non et il s’en rendit compte quelques mois après leur rupture. Les trois années précédant son arrivée à Montréal furent le théâtre de nouvelles expériences pour Liam. Revigoré par cette liberté nouvelle, et aussi souvent par une consommation généreuse d’alcool, il se laissa porter par sa curiosité et ses envies qu’il s’autorisa enfin à écouter. Il lui arriva donc de passer la nuit avec une jolie inconnue, parfois un joli inconnu, lui permettant ainsi de se redécouvrir, non, de se découvrir véritablement. Malgré des premiers pas maladroits, il savoura chacune de ces rencontres éphémères. Au départ, toujours légèrement à vif suite à sa séparation, il se contentait simplement de la satisfaction physique que lui procuraient ces rapports. Il ne ressentait rien de plus pour ses partenaires et cela avait été clairement établi. Toutefois, les années défilèrent et il croisa le chemin d’une personne qui fit renaître des sentiments enterrés. La personnalité calme et positive de cette fille lui plaisait et lui faisait du bien. Un lien au début physique s’était approfondi peu à peu. Il lui parla de sa relation toxique avec son ex, de ses complexes, et elle lui partagea l’histoire de sa dysphorie qu’elle effaçait petit à petit avec sa transition. Une connexion commença à se créer entre eux. Malheureusement, l’ambition de Liam de quitter Ottawa pour Montréal mit fin à cette possible relation. Cette fille, Charlie, comprit sa décision et ils se quittèrent en bons termes.

Liam se demanda à plusieurs reprises s’il avait pris la bonne décision, mais il se rappela de son désir de changer de ville qui le suivait depuis longtemps. Cette histoire avec Charlie l’avait aidé à cicatriser de sa relation précédente, ce qui l’avait conforté dans l’idée que construire un avenir avec quelqu’un ne lui était pas impossible. Il s’était donc installé à Montréal optimiste sur de plan-là. Cet espoir fut jeté aux ordures lorsque le monde changea et tous ses doutes reprirent le dessus sur ses efforts effectués jusqu’à présent. Un futur inexistant. Une mer trouble et obscure qui le submergeait petit à petit. La lumière de la surface, éteinte. Retrouver et atteindre la côte fut épuisant, externuant. Il ignorait d’où cette force lui était venue. Il parvint à traîner son corps affaibli jusqu’à la rive. L’avenir, il essayait de l’écrire, avec des mains tremblantes en premier lieu, mais elles se stabilisèrent avec le temps. Notamment grâce au soutien et aux conseils qu’on lui prodigua. Sa psychiatre lui en avait donné un bon nombre depuis qu’ils se voyaient et il lui en était redevable d’une certaine manière. Certes, elle ne faisait que son travail encore une fois, mais Liam la remerciait au fond de lui. Il la remerciait, même quand elle le mettait dans un embarras sans fin avec ses remarques…

« 
Je suis contente de vous entendre parler ainsi, Liam. En effet, je ne me souviens pas vous avoir déjà entendu parler de quelqu’un ainsi, avec autant d’entrain et de passion.

Oh non, avait-il échoué à dissimuler l’affection quelque peu débordante qu’il éprouvait pour Cody ? Avait-il perdu le contrôle de ses émotions ? La température de son visage continua de grimper en flèche et il se dépêcha de se pencher pour récupérer son café sur la table. Il profita d’aspirer une longue gorgée pour camoufler sa gêne derrière sa tasse. Il se contenta simplement d’un son approbatif en guise de réponse, trop mal à l’aise pour articuler une véritable phrase. Il s’était laissé emporter, encore une fois. Pourquoi la simple évocation du nom de Cody le déstabilisait autant ? Il n’avait plus quatorze ans bon sang, il fallait se reprendre ! Armé d’un élan de courage, il osa reposer sa tasse pour affronter le reste de la séance. Il frotta ses mains légèrement moites sur son pantalon et se redressa dans son siège, prêt à riposter.

-
Un groupe de musique ? Quel genre de musique exactement ? Est-il le chanteur ? Le bassiste ?

Liam retint son soupir de soulagement. Cette question innocente lui permit de respirer un coup. Parler du groupe, facile. Rien de méchant. Ce sujet-là ne lui donnerait certainement pas envie de se cacher sous terre telle une autruche. Sans doute.

-
Il est batteur dans un groupe de métal principalement. Apparemment ils étaient déjà connus avant, les Corroded Coffin. Pas étonnant quand on voit certains fans leur courir déjà après. C’est pas trop mon style de musique ce qu’ils jouent mais ça met l’ambiance, ils sont doués. Cody est très doué en tout cas, je trouve. J’ai déjà vu des concerts d’autres groupes avant et ouais, je pense qu’il se débrouille vraiment bien. Mais même s’ils jouent surtout un style un peu « intense », Cody m’a fait écouter les musiques qu’il aime et… J’ai bien aimé aussi, c’était un bon moment.

Il réalisa en terminant sa phrase qu’il souriait à nouveau. Cette question était censée être inoffensive, purement simple et sans complexité aucune. Pourquoi fallait-il déborder sur ce terrain glissant, encore ? Liam excellait dans les réponses courtes et brèves habituellement, il ne s’éparpillait pas en tergiversations. Pourquoi n’arrivait-il pas à fermer sa bouche ? Était-ce la faveur de sa psychiatre ? Non, hypothèse complètement idiote. Il se cogna mentalement le front à cette idée. Il ne réfléchissait simplement pas, les mots sortaient tout seuls, il ne les retenait pas. Parler de Cody était donc aussi facile ? Ses yeux se perdirent dans le vide à cette pensée. Facile et agréable ?

-
Sourire plus ? Pas aimable ? Ce sont vos collègues qui parlent ainsi de vous ? Que ressentez-vous lorsque vous entendez ces descriptions peu flatteuses ? Après tout, leur avis est-il réellement important ? Si Cody semble vous apprécier ainsi.

La nouvelle prise de parole de son médecin le sortit brusquement de sa contemplation. Il cligna des yeux et se concentra sur la jeune femme qui avait interrompu ses écrits. Liam ne s’arrêtait plus sur ces prises de notes auxquelles il s’était habitué. Au départ, cela l’agaçait et le rendait nerveux. Il s’était senti analysé, disséqué, il détestait toujours cela au début des thérapies. Savoir que ses mots se retrouvaient couchés à jamais sur le carnet de quelqu’un, quelqu’un en charge d’en examiner le moindre sens, cela ne lui plaisait pas du tout. Fort heureusement, il avait dépassé cette aversion et ne se rendait des fois même plus compte quand sa psychiatre griffonnait  sur son papier. En revanche, il porta plus attention à sa question. Que ressentait-il ? Aujourd’hui plus grand-chose. Peut-être, malgré la petite piqûre dans son cœur, s’était-il résigné au fait que les autres s’arrêteraient à cette facette de lui ? Il soupira par le nez et passa sa main dans ses cheveux, son visage se referma légèrement.

-
Les gens en règle générale m’ont toujours dit ça, enfin surtout récemment en fait. Je crois que d’un côté je m’en fiche parce que, je suis comme ça et je sais pas si ça changera, et j’ai pas envie en fait de changer juste pour eux alors que je les connais pas. Mais des fois ça m’emmerde que ce genre de remarque me suive toujours. Ça les regarde pas en vrai, je souris si je veux, je les insulte pas. Peut-être que des fois je les blesse sans le vouloir, je sais pas. J’espère que j’ai pas blessé Cody comme ça, ça me ferait vraiment chier là par contre. J’ai pas envie de lui faire du mal.

Oui, il s’en voudrait terriblement si ses paroles n’avaient ne serait-ce qu’une fois froissé le musicien. Il refusait que le jeune homme soit triste à cause de lui. Il refusait de lui causer de telles émotions. La culpabilité le rongerait et percevoir la douleur dans les yeux si vivants et joyeux de Cody lui déchirerait le cœur. Il refusait catégoriquement de le faire souffrir.

-
Dites. Vous pensez que je devrais « changer » si jamais c’est arrivé ? Je sais pas, peut-être faire des efforts ou… Je sais pas. J’ai peur des fois de repousser les personnes que… j’aime. »

Il se stoppa net à ce dernier mot.
Quoi ?
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut Page 1 sur 1
Sauter vers: