Maav était une jeune femme aux multiples facettes, mais elle n'en était pas malade. Elle n'était ni bipolaire, ni schizophrène, ni... quoi que ce soit en termes d'altération. Elle n'était qu'une jeune femme normale avec son caractère bien à elle. Fortunée, elle pouvait tout de même se faire sa propre thérapie. Et puis, ce pourquoi elle venue à la base n'avait plus lieu d'être. Et ce n'était pas que pour les beaux du beau psychologue Brown qu'elle venait.
Mais oui, il fallait bien l'avouer, un petit peu quand même.

Plus sérieusement, elle avait prit goût à devenir le personnage central aux yeux de quelqu'un. Elle aimait qu'on l'écoute parler sans l'interrompre, sans vraiment de jugement. Bien qu'elle était respectée avec son statut et qu'on l'écoutait sans broncher. Qu'il était bon d'asseoir son autorité légitime et suprême. Mais pas face à ce beau William, elle n'en avait pas besoin, ce n'était pas son objectif. Mais en avait-elle vraiment un ? C'était certainement l'une de ses rares occupations sans réel dessein. Il avait cet art de lui répondre, de rétorquer et de la pousser dans ses retranchements. Il avait aussi cette manie de savoir ou faire semblant de la comprendre, la prenant avec délicatesse. A moins que ce ne soit son côté professionnel.

Mais tel un joujou, on se lasse et il lui arrivait parfois de poser des questions sur lui. Il n’hésitait alors pas à la changer de direction pour que ce soit dirigé sur elle.
Elle ne savait rien de lui,
il savait beaucoup sur elle.

Quelle inconfortable vérité.



••• année deux mille vingt-cinq / temps présent



Si elle pouvait avoir accès à son dossier, Maav pourrait lire qu'en 10 leçons, les rapports ont évolué vers une autre personnalité. En d'autres mots:
- elle est passée d'une jeune fille pourrie gâtée adorant être le centre du monde et parlant de ses pauvres expériences tristes, qui ne sont clairement pas insurmontables;
- a une jeune femme plus sérieuse et bien moins sensible qu'avant.

Et bien, c'est à ça que sert un psychologue n'est-ce pas ? Pour le cas de Maav, être poussée à aller voir un psy parce qu'elle est sortie avec un fils de psychopathe ... hm, à y réfléchir cela fait sens. Elle avait perdu son phare dans la tempête après tout, et puis il s'agissait de sa première relation amoureuse, un premier amour. Ce n'est pas une simple rupture, non, on parlait déjà d'assassinat en raison d'une famille de mafia.
Et puis Montréal est devenu le Montréal de ce jour: un monde peinturé d'étrangetés, des individus s'écorchant pour un bout de peau, des personnes divisant pour mieux régner et des âmes esseulées dont le seul espoir est de vivre... ou survivre.

Donc,
Maav est habituée à ce fauteuil sur lequel elle se pavanait. Comme si elle était chez elle, merci à la secrétaire de l'avoir fait patienter DANS le bureau du psychologue. Peu conventionnel amis il était si simple d'acheter quelqu'un avec des produits Beladonne. Certainement qu'elle allait se faire réprimander par Wiliam lui-même, mais elle avait pu obtenir un parfum qui, comment dit-on par la plèbe déjà ? Ah oui, gratuit.

Elle attendait patiemment l'homme qui allait l'écouter déblatérer folies simples ou complexes: elle n'avait pas encore choisi. De toute façon, il ne pouvait pas dire grand chose, elle le payait en ce sens: l'écoute et le conseil.
Allait-elle réussir à savoir ce qu'il est réellement ? En tout cas, il n'est pas un Smalt Corun, pour sur. Elle n'était pas encore parvenue à le toucher physiquement pour analyser sa température, comme elle avait pu le faire avec Caesar deux années auparavant.
Elle se doutait bien que William Brown savait qui elle était. Et sans rechercher plus, elle l’appréciait. Cet homme à lunettes, pourtant aveugle mais pas privé pour autant de la vision. C'est dingue comment il pouvait ressentir les autres, les choses.

En l'attendant, elle fixait le petit paquet qu'elle avait déposé sur son bureau quelques minutes avant: un cadeau renfermant l'un des derniers encens de Tenebrescence. Mais quelle bonté !
Elle avait noté les effluves dans laquelle la pièce de consultation baignait. Signature Tenebrescence.
En temps normal, on aurait pu penser qu'il s'agissait encore d'une machination de la part de Maav, mais pas ici.

••• année deux mille vingt-cinq / temps présent

Des pas, des mots, des phrases.
Maav tend vainement l'oreille pour tenter de décrypter ce qu'il se disait à l’extérieur du bureau. Puis la porte s'ouvre et M. Brown fit son entrée. Maav sourit bien que le brave ne puisse le voir, c'est qu'elle est bien éduquée la damoiselle. Il croisa les bras et sembla se détendre quelque peu. C'est vrai que ce n'est pas une manière d'entrer dans le cabinet ainsi, éduquée mais un peu sans-gêne au final.
Mais depuis le temps, elle connaissait bien ce cabinet qui a pourtant changé d'occupant. Alors, elle se permet de se prélasser de manière gracieuse sur le divan. Elle devrait songer à prendre les références de celui-ci, il est incroyablement confortable. Elle se tourna sur le ventre, allongée; une main venant soutenir son visage. Elle observait son psychanalyste.


william Bonjour Mme Belladone, je vois que vous avez réussi à soudoyer ma secrétaire pour vous faufiler dans mon bureau. Vous êtes confortablement installée ?


En guise de réponse, Maav lâche un léger ricanement dont elle a bien le secret. Félin mais classe.


william Vous savez que vous n’êtes pas sensé pénétrer mon bureau sans que je sois présent… mais j’ai bien compris qu’il était très difficile de vous refuser quoique soit.


Il n'était pas dans le faux, elle savait bien que le jeune homme aurait pu mal le prendre mais... comme à son habitude, il gardait une calme en façade. Comme si chaque mot était choisie avec soin pour parfaitement coller à la Belladone.


william Bien. Comment allez-vous depuis la dernière fois ?


Ah, le moment préféré de Maav; quand il saisit son stylo, ses notes et s’assoit de manière élégante. Que pouvait faire un gentilhomme comme lui à écouter les plaintes d'autrui ? Il est bien trop distingué à recevoir les jérémiades à longueur de journée. Rare était celui ou celle tenu(e) en haute estime dans les songes de Maav, une place dorée. Elle dirigea son regard devant elle, sur le mur impeccablement blanc.


maav Et bien, vous souvenez-vous de la personne dont je vous ai parlé la dernière fois ? Une personne pouvant nuire à mes affaires.


En fait... oui et non, Maav ne parlait pas vraiment par énigme mais ne dévoilait pas de prénom ou les réelles fonctions de l'individu en question. En vérité, elle parlait de ce Jessie Okley tendant à être quelque peu "gênant". Évidemment, elle n'allait pas dévoiler son identité, qui plus est il s'agissait d'un patient de M. Brown, mais ça elle ne le savait pas. C'était le serpent qui se mordait la queue: comme quoi Montréal est petit.


maav Je suis frustrée. Je suis frustrée car je pense avoir commis un impair mais la machine est lancée. Je ne suis pas censée me fourvoyer vous savez. Oui, vous le savez. J'ai une image à tenir. Il n'était pas réellement celui que je pensais être, je ne dirais pas innocent car personne ne l'est.


Sauf vous M. Brown, vous êtes tellement gentil.
Maav aurait pu le dire mais ce n'était pas dans ses paramètres initiaux.


maav Et vous M. Brown, commetez-vous des erreurs parfois ?


Il est étrange de voir mi-confiance et mi-méfiance habiter le même corps, pour autant, elle ne pense pas que William soit un nuisible. Sa question fait penser à un piège ou une envie de découvrir. Mais en réalité, Maav voulait juste se rassurer. Se rassurer d'avoir toutes les caractéristiques la définissant encore comme une humaine.